13 juni 2005

Nu denken wij daar anders over (maar toen was het feminisme nog niet uitgevonden)

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Ferdinando Galiani
Croquis d’un Dialogue sur les Femmes
(Le Marquis, Le Chevalier)

Chevalier:
[…] Ainsi je soutiens que la femme est faible dans l’organisation de ses muscles: et de là sa vie retirée; son attachement au mâle de son espèce qui fait son soutient, son habillement léger, ses occupations, ses métiers &cet.
Marquis:
Et pourquoi l’appelez-vous un être malade?
Chevalier:
Parce qu’il l’est naturellement. D’abord elle est malade comme tous les animaux jusqu’à sa croissance parfaite. Alors arrive ce symptôme si connu qui appartient à toute la classe des bimanes.[*] Elle en est malade au moins six jours l’un portant l’autre par mois, ce qui fait le cinquième de sa vie, ensuite viennent les grossesses, et les nourritures de ses enfants qui sont à les bien prendre deux très longues et très gênantes maladies. Elles n’ont donc que des lueurs de santé à travers une maladie continuelle. Leur caractère se ressent de cet état presque habituel. Elles sont caressantes et engageantes comme tous les malades, cependant brusques et fantasques parfois comme tous les malades. Aisées à se fâcher, aisées à se raccommoder, comme les malades. Elles cherchent la distraction, l’amusement, et un rien les amuse comme les malades. Elles ont l’imagination frappée constamment, la peur, l’espérance, la joie, le désespoir, le désir, le dégoût s’impriment plus fortement dans leurs têtes et s’effacent plus aisément. Elles apprennent avec avidité, et oublient de même. Elles aiment une longue retraite et dans les intervalles une joyeuse compagnie comme tous les malades. Voyons à présent comme nous les traitons: nous les soignons, nous nous intéressons à elles, nous cherchons à les distraire, à les amuser, nous les laissons dans leurs appartements, puis nous les visitons, nous les caressons, et puis nous les…
Marquis:
Allons, franchissez le mot; ne vous arrêtez pas en si beau chemin.
Chevalier:
Oui, nous tâchons de les guérir en leur causant quelque nouvelle maladie.
Marquis:
Ajoutez qu’elles ne s’en fâchent pas; au contraire elles prennent cela avec autant de patience que les malades lorsqu’on les saigne, ou qu’on leur applique des caustiques.
Chevalier:
Et c’est par la même raison qu’ont les malades de croire que tout se fait pour leur bien, et qu’ils s’en porteront mieux à l’avenant.
Marquis:
Chevalier, vous avez beau vouloir me persuader que les femmes sont des êtres malades par essence, je ne m’accoutume pas aisément à cette idée. Peut-être vos Napolitaines le seront, mais pour mes chères Parisiennes vous avez grand tort. Allez au Vauxhall,[**] au Boulevards, aux Bals de l’Opéra, et voyez-moi un peu ces malades qui ont le diable au corps: elles fatigueraient dix grenadiers à danser des nuits entières, à veiller un carnaval complet; elles n’y gagnent même pas un petit rhume: et vous appelez ça des malades?
Chevalier:

Marquis, vous vous emparez de mes raisons pour m’en faire des objections. C’est précisément tout ce que vous venez de dire qui vous prouve que les femmes sont des êtres que nous autres hommes ne pouvons pas mieux définir selon notre intelligence qu’en les appelant des êtres malades; c’est-à-dire qu’elles nous ressemblent d’avantage lorsque nous sommes dans cet état. N’avez-vous pas pris garde que quatre hommes ont de la peine à retenir un malade en convulsion, un fou, un insensé; et qu’en bien des cas les malades ont une force que les bien portants n’auraient pas? Cette force inégale, excessive, irrégulière, inconstante, est précisément un symptôme de maladie, et un effet d’une irritation immense des nerfs éveillés, par l’échauffement de l’imagination. La tension des nerfs supplée à la faiblesse naturelle des muscles. Démontez l’imagination, tout est par terre. Ainsi chassez les violons, éteignez les bougies, dissipez la joie, ces éternelles danseuses auront de la peine à rentrer chez elles en faisant un petit bout de chemin à pied. Elles enverront quérir des fiacres rien que pour traverser le Pont-Neuf.
Marquis:
Vous me battez à votre ordinaire, parce que Dieu le veut ainsi, mais j’ai pourtant une petite objection à vous faire.
Chevalier:
Et c’est s’il vous plaît.
Marquis:
C’est que je ne suis point persuadé du tout de ce que vous venez de dire; je n’en crois pas un mot. Je vois bien que vous avez raison dans l’état actuel des choses, mais tout cela me paraît un effet de l’éducation, et point du tout de la nature, et je crois que si on laissait la nature sans la gâter, les femmes vaudraient autant que nous à la différence près d’être un peu plus faibles et plus délicates.
Chevalier:
Mon cher Marquis, badinage à part; est-ce que vous croyez tout de bon qu’il y ait une éducation au monde?
Marquis:
Oh pour le coup le paradoxe est trop fort, je vous conseille en ami de le mitiger, de l’adoucir, ou bien si vous voulez de l’expliquer, bien entendu que ce mot signifie rétracter (comme dans les Déclarations du roi portant interprétations des édits précédents).
Chevalier:
Je veux suivre vos conseils, car ils sont bons à suivre, et je m’en suis toujours bien trouvé. Je m’expliquerai sans pourtant me rétracter. On a beaucoup parlé d’éducation, et comme de coutume c’est encore un livre à faire. […]

[*] "tweehandigen" was toen een categorie in de biologie.
[**] Vauxhall was de benaming voor publieke, maar betalende pretparken waar bals en feesten werden gegeven (in navolging van de Londense tuin in Kensington waar de Engelse beau monde zich graag liet zien)


in: Ferdinando Galiani
Louise d’Épinay
Correspondance III, mars 1772 - mai 1773
Les Éditions Desjonquères, 1994, pp. 252-255




Kensington Gardens


Louise d'Épinay (1726 – 1783) was een geleerde vrouw die de grote geesten van haar tijd ontving in haar salon en die zelf o.a. een antwoord schreef op Rousseau: "Conversations d'Émilie", en met veel succes. Al heeft zij Galiani niet geantwoord op het bovenstaande: zij kon het grapje van haar geliefde abbé goed smaken. Hij mocht haar in alle vriendschap veel wijsmaken.

Ferdinando Galiani (1728, Chieti – 1787, Napels) economist wiens studies over de waardeleer op hun tijd vooruit waren. Galiani was "abate", "abbé": had lagere wijdingen gekregen, maar was nauwelijks gelovig. Hij was tien jaar de secretaris van de ambassadeur van Napels in Parijs (1759-69). Later werkte hij als economist voor de regering in Napels.
Hij schreef in het Frans en Italiaans. Zijn brieven geven een goed beeld van het leven in het Europa van de XVIIIde E. Correspondeerde met Diderot, Voltaire, Turgot. Met de fysiocraat André Morellet ging hij een levendig intellectueel debat aan. Publiceerde in 1750 Della moneta en in 1770 Dialogues sur le commerce des bleds (blés), die allebei uitblinken door methodische klaarte. In het eerste werk baseert hij zijn waardetheorie op nut en schaarste. In het tweede benadrukt hij de noodzaak van regelgeving in de handel, tegen de fysiocraten in, die een volledige vrijheid van handel voorstonden. Galiani, overigens net als de fysiocraten en Voltaire, ging ervan uit dat één land maar kan winnen wat een ander land verliest. Hij verdedigde zo de muntdevaluatie.

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